L'austérité "Fast and furious" !

Le gouvernement Magnette a un an. L’opposition Écolo fait le bilan. Tout n’est pas noir. Mais y a beaucoup de gris. Et pas de vert du tout…
Une législature, ça dure cinq ans. OK, le gouvernement wallon ne peut pas tout faire pendant la première année. En cinq ans non plus d’ailleurs, Écolo s’en est aussi rendu compte quand il était partenaire de la majorité Olivier.
«Mais là, le gouvernement nous ramène au siècle dernier», balance Stéphane Hazée. Le chef de groupe fait le bilan de cette première année de législature, avec les trois autres députés wallons Écolo.
1. Zéro ambition
«Les enjeux écologiques ont disparu des écrans radar. Mais les problèmes sont sans doute résolus », ironise Stéphane Hazée.
L’ex-ministre de l’Environnement Philippe Henry fait le relevé des grands absents: la biodiversité et les enjeux climatiques. «C’est inquiétant, ce sont des défis majeurs. » Selon lui, la 1re année de la majorité PS-cdH à cet égard se résume à ceci: zéro ambition, des retards pour Natura 2000, une marche arrière dans le soutien aux réserves naturelles dépendant de l’associatif, un sommet climatique imminent à Paris, « sans préparation, sans vraie politique climatique », des objectifs européens en termes d’énergies renouvelables reportés de 10 ans… Quant à l’Aménagement du Territoire, une autre de ses anciennes compétences, «on n’a pas de politique de la ville et pas vraiment de politique de la ruralité», juge-t-il.
2. Social?
«Occulté» Un gouvernement pas assez «vert» et finalement pas si social que ça, note Hélène Ryckmans. «Les enjeux sociaux sont sous-estimés et même occultés. Le plan wallon de lutte contre la pauvreté n’existe qu’en paroles», regrette la députée. Les exclusions du chômage? «Le gouvernement wallon se cache derrière le fédéral pour ne pas agir et répondre par exemple aux CPAS qui demandent davantage de moyens…» Quant à la prévention et la promotion de la santé, «c’est le grand désert. Maxime Prévot dit que ça se prépare, mais on ne voit rien venir».
3. Les vieux réflexes
Et la bonne gouvernance? Le chat Écolo parti, les souris PS-cdH dansent, résument les quatre députés. Le cumul des mandats reste bien ancré, avec Paul Magnette et Maxime Prévot en tête de gondole: « C’est un fait accompli qui subsiste, critique Stéphane Hazée. C’est le retour des vieux réflexes pour les nominations dans la fonction publique. Sous-régionalisme? Pas mort! On l’a vu avec les Fonds Feder, où une ville sinistrée comme Verviers (certes dirigée par un cdH, mais sans le PS, NDLR) est la grande oubliée des investissements.»
4. La boulette du fédéral
Du positif? « La relance de la concertation sociale sur certains dossiers », salue le chef de groupe. Le Plan Marshall 4.0, ajoute-t-il. Du moins s’il se révèle moins flou. L’abandon de l’idée d’absorption des CPAS, etc. Et puis, cette belle boulette du fédéral, cette erreur de 600 millions€ dans les recettes IPP (nos précédentes éditions)… Écolo attend un vrai mea culpa de Charles Michel. «Il avait été pris en flagrant délit de suffisance et de mépris absolu! Sur le fond, c’est une bonne nouvelle pour la Wallonie. Mais ça va être investi dans la trajectoire budgétaire », regrette Stéphane Hazée. C’est une «marche forcée» pour atteindre l’équilibre en 2018, avec « 60% de l’effort en 2015. C’est l’austérité en mode fast and furious ».
article de Pascal SERRET,
dans l’Avenir Namur du 18 juillet 2015 :